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        1998 d'orientation et d'incitation à la réduction du temps de travail 
        a été l'un des leviers essentiels de l'action pour l'emploi engagée par 
        le gouvernement. Elle s'est inscrite au coeur d'une démarche simultanée 
        de soutien de la croissance pour une relance du pouvoir d'achat des ménages 
        et d'une politique de l'emploi offensive et diversifiée : appui à la création 
        de nouveaux emplois (emplois-jeunes, emplois liés aux nouvelles technologies), 
        soutien à la création d'entreprise, programme de prévention et de lutte 
        contre les exclusions, actions coordonnées et décentralisées des acteurs 
        du service public de l'emploi. Cette stratégie porte ses fruits. Malgré une croissance un peu moins forte 
        qu'en 1998, nous avons enregistré en 1999 un rythme de baisse du chômage 
        deux fois et demi plus rapide. Au total, en l'espace de deux ans et demi, 
        près de 1 000 000 emplois ont été créés, et le chômage a baissé de 570 
        000. La confiance a été rétablie, d'abord du côté des ménages - alors 
        qu'à l'été 1997, plus des trois quarts s'attendaient à une poursuite durable 
        de la hausse du chômage, ils sont devenus majoritairement optimistes depuis 
        quelques mois - puis des entreprises. Les ménages et les chefs d'entreprises, 
        en accroissant leur consommation et leur investissement, maintiennent 
        et développent les conditions d'une reprise économique forte et durable.
 La réduction de la durée du travail a apporté une contribution significative 
        à cette dynamique d'ensemble. Ainsi, l'accélération de la baisse du chômage 
        coïncide-t-elle avec la montée en charge des accords 35 heures.
 Le bilan de la négociation est à la hauteur de la mobilisation sans précédent 
        des partenaires sociaux, des entreprises et des branches. En l'espace 
        d'un an et demi et avec le soutien efficace des services de l'Etat, et, 
        en particulier, des services déconcentrés du ministère de l'emploi et 
        de la solidarité, 26 000 accords d'entreprise ont été signés, concernant 
        2,9 millions de salariés et entraînant la création ou la sauvegarde de 
        plus de 170 000 emplois.
 La loi du 13 juin 1998 fixait un cap et une méthode. La loi du 19 janvier 
        stabilise le cadre juridique et amplifie la méthode : la négociation devient 
        la clé de voûte de l'application de la réduction du temps de travail mais 
        aussi de l'accès à l'allégement du coût du travail.
 Elle doit permettre de prolonger et d'étendre cette dynamique de négociation 
        en vue de la généraliser et de démultiplier ses effets positifs sur l'emploi. 
        Les services ont un rôle majeur à jouer dans l'animation et l'accompagnement 
        de cette étape nouvelle et décisive, en tirant parti de tous les leviers 
        d'intervention et d'appui dont ils disposent et de l'expérience qui a 
        été accumulée au cours de la phase précédente.
 
 
 I- Une deuxième loi pour favoriser la poursuite et 
        l'extension d'une dynamique de négociation favorable à l'emploi.
 A/ La continuité du cap et de la méthode : la réduction négociée 
        au service de l'emploi
 1. L'emploi demeure l'objectif central de la démarche
 Si les perspectives de croissance pour l'année 2000 s'annoncent bonnes, 
            nous savons que l'ampleur du recul du chômage dépend de la poursuite 
            des actions structurelles qui ont été engagées pour accroître le contenu 
            en emplois de la croissance.
 C'est pourquoi la poursuite 
            d'une politique de l'emploi offensive s'impose toujours avec autant 
            de détermination, en assurant la poursuite des actions engagées, lesquelles 
            se sont renforcées par l'entrée en vigueur dès cette année de la baisse 
            du coût du travail sur les bas et moyens salaires. Parmi ces actions, 
            le processus des 35 heures doit continuer à jouer pleinement son rôle, 
            qu'il s'agisse bien sûr de créer davantage d'emplois (85% des emplois 
            prévus par les accords conclus avant l'entrée en vigueur de la seconde 
            loi correspondent à des créations d'emplois), de préserver les emplois 
            dans des entreprises où ils auraient été menacés en l'absence de réduction 
            de la durée du travail, ou encore d'améliorer la stabilité de l'emploi 
            grâce à l'efficacité de mesures de réorganisation permettant aux entreprises 
            de substituer des emplois stables à des emplois précaires et de courte 
            durée. Cette priorité donnée à l'emploi doit aller de pair avec les autres 
            dimensions qui sont nécessaires à la réussite durable des démarches 
            de réduction et de réorganisation de la durée du travail : l'amélioration 
            de la compétitivité des entreprises et le souci d'améliorer les conditions 
            d'existence des salariés par un meilleur équilibre entre une vie professionnelle 
            s'exerçant dans des conditions de travail maîtrisées et une vie extra 
            professionnelle qui peut devenir plus diversifiée et harmonieuse.
 2. La négociation reste la voie privilégiée
 La première loi a donné droit de cité à la négociation sur l'organisation 
            du travail, alors que ce domaine était resté encore largement l'apanage 
            de la décision unilatérale jusqu'au milieu des années 1990.
 En outre, la mise en oeuvre de la première loi a permis de faire pénétrer 
            le dialogue social, notamment par le biais du mandatement, dans des 
            parties du monde de l'entreprise où il était peu présent. C'est ainsi 
            qu'environ 40% des accords d'entreprise conclus depuis la première 
            loi l'ont été dans des entreprises de moins de 20 salariés, et près 
            des deux tiers dans les entreprises de moins de 50 salariés.
 Cette revitalisation du dialogue social sur le terrain, complétée 
            par une poussée importante de la négociation de branche, notamment 
            dans les secteurs d'activité comportant beaucoup de PME, contribue 
            à donner d'avantage d'effectivité et de portée à des droits essentiels 
            inscrits dans nos textes constitutionnels, le droit à l'emploi et 
            le droit de participer à la détermination collective de ses conditions 
            de travail. C'est d'ailleurs sur ce terrain que la logique générale 
            de la deuxième loi a été validée par le Conseil Constitutionnel.
 B/ Des leviers nombreux et renforcés pour favoriser la généralisation 
        de la dynamique de réduction négociée.
 Le chemin parcouru en un an et demi, pendant la phase incitative, est 
        déjà très important puisque qu'un tiers des salariés à temps plein des 
        entreprises de plus de 20 salariés sont d'ores et déjà couverts par un 
        accord sur les 35H. Ce résultat au-delà de tous les pronostics ne doit 
        pas nous faire oublier le chemin qui reste à parcourir. Pour susciter 
        la convergence vers de nouvelles organisations du travail plus favorables 
        à l'emploi, tout en étant respectueuses des impératifs de compétitivité 
        et de réactivité des entreprises et soucieuses de la qualité des conditions 
        de travail et de vie des salariés, la loi met à la disposition des partenaires 
        sociaux une gamme de moyens.
 
         
         Des aides aux 35 heures et de nouveaux 
          allégements du coût du travail sur les bas et moyens salaires accessibles 
          par la négociation 
          
           
            En couplant les aides aux 35 heures à la réduction négociée du temps 
              de travail, en liant à cette négociation la baisse du coût du travail 
              sur les bas et moyens salaires, la loi place la réduction de la 
              durée du travail au cSur des politiques de soutien de l'emploi 
              et donne aux partenaires sociaux un levier pour réussir sur le terrain 
              qui est le leur, celui de la négociation.
 En spécifiant dans leurs accords ouvrant droit aux nouveaux allégements 
              des engagements précis en terme d'emplois, à côté des engagements 
              sur la nouvelle durée du travail effective dans l'entreprise, les 
              partenaires sociaux peuvent participer à la mise en oeuvre d'une 
              stratégie collective tournée vers l'emploi.
  Des voies d'accès diversifiées à 
          la réduction négociée 
          
         C'est en vue de faciliter ce déploiement du dialogue social que la 
            loi associe l'accès aux nouveaux allégements de cotisations patronales 
            à des modalités diversifiées de formation des accords collectifs concernés. 
            Elle le fait dans le strict respect de la vocation naturelle des organisations 
            syndicales représentatives en reconduisant les possibilités d'accès 
            direct de branche ou de mandatement et en ouvrant de nouvelles possibilités 
            pour les petites entreprises, faisant intervenir les délégués du personnel 
            et des instances paritaires, en l'absence de possibilité de mandatement.
 L'adhésion des salariés à ces accords, qui ont pour double caractéristique 
            de porter sur des enjeux cruciaux pour la vie quotidienne des salariés 
            et le fonctionnement de l'entreprise, et de mobiliser des concours 
            financiers publics de grande ampleur, est essentielle. C'est la raison 
            pour laquelle la loi conditionne le bénéfice des nouveaux allégements 
            à la conclusion d'un accord d'entreprise majoritaire, c'est à dire 
            qui résultera soit de la signature par un ou des syndicats majoritaires 
            soit de l'approbation de l'accord par la majorité du personnel de 
            l'entreprise.
   
         
         La loi ouvre aussi aux partenaires sociaux 
          de nouveaux espaces de négociation sur l'aménagement du temps 
          de travail afin de favoriser une négociation globale sur l'organisation 
          du travail 
          
         C'est dans cet esprit que la loi introduit dans notre droit de la 
            durée du travail des innovations marquantes qui devront être déclinées 
            par la négociation : un régime spécifique et différencié pour les 
            cadres qui permettra de les faire bénéficier effectivement du processus 
            de réduction de la durée du travail tout en réduisant un divorce ancien 
            entre le droit et la pratique ; une simplification et une meilleure 
            organisation du temps de travail sur l'année, s'appuyant sur l'unification 
            des trop nombreux dispositifs de modulation, sur la pérennisation 
            du dispositif de réduction sous forme de journées ou demi-journées 
            de repos qui a connu un réel succès depuis 1998, ainsi que l'exigence 
            d'un accord collectif pour la modulation sur l'année du temps partiel 
            ; la mise en place de possibilités plus larges d'articuler la réduction 
            de la durée du travail avec le développement de formations qui contribuent 
            à étendre les compétences des salariés ; le renforcement des garanties 
            contractuelles et des contreparties pour les salariés à temps partiel 
            et l'instauration d'un régime de passage au temps partiel à la demande 
            du salarié qui ouvre la voie à un véritable développement du temps 
            choisi.
 C'est dans le même esprit que 
            la loi élargit les possibilités d'intervention des partenaires sociaux 
            soit sur des thèmes qui pouvaient déjà donner lieu à négociation, 
            notamment pour le délai de prise du repos compensateur, la diversification 
            des sources d'alimentation et des modalités d'utilisation du compte 
            épargne temps, soit sur des thèmes nouveaux tels que la mise en place 
            de calendriers individuels dans le cadre de la modulation ou encore 
            le déplacement de la période de prise des congés pour mieux la synchroniser 
            avec les rythmes de l'organisation du travail. 
         
         
         La loi reconduit en outre les dispositifs 
          d'appui à la réorganisation négociée qui ont d'ores et déjà fait 
          la preuve de leur utilité et doivent continuer à être utilisés avec 
          un souci de qualité et de conformité à leur objet 
          
         Il s'agit d'une part du dispositif d'appui conseil, qui pourra désormais 
            intervenir au stade de la mise en oeuvre des accords, et des aides 
            du FACT aux démarches pilotes de branches et d'entreprises. Il s'agit 
            d'autre part de l'aide aux organisations syndicales représentatives 
            au plan national pour la formation de leurs mandatés, qui contribue 
            à renforcer les bases d'une négociation effective.
   
         
         Une période d'adaptation pour favoriser 
          des réorganisations maîtrisées et largement concertées 
          
         L'examen des bilans de la négociation montre qu'une démarche de réorganisation 
            nécessite du temps, en moyenne de 6 à 9 mois, pour déboucher sur un 
            accord qui devra ensuite s'enraciner dans le fonctionnement de l'entreprise.
 Il était donc logique et souhaitable de prévoir une période d'adaptation 
            pendant laquelle les entreprises pourront engager leur démarche sans 
            être exposés à des surcoûts importants du fait du maintien à titre 
            transitoire de leur organisation sur une base supérieure à 35H. Les 
            dispositions de la loi sur le régime des heures supplémentaires au 
            cours de la première année et sur la décroissance progressive en deux 
            ans du seuil pour le décompte du contingent sont donc pleinement conformes 
            au choix central de la loi en faveur de la réduction négociée. Mais 
            leur progressivité a été conçue pour inciter les entreprises à engager 
            rapidement les négociations.
 
 
 
 II) Une nouvelle étape dans l'action 
        engagée avec détermination par les services du ministère de l'emploi et 
        de la solidarité
 A/ Poursuivre la démarche d'animation et d'appui à la réduction 
        négociée
 
         
         Les services du ministère ont su faire 
          face aux exigences de ce chantier majeur de réforme. 
          
          Ils sont parvenus à prendre en charge, d'un point de vue quantitatif, 
            le flux de sollicitations qui leur ont été adressées notamment pour 
            l'information sur le dispositif, l'aide aux négociateurs et l'instruction 
            des demandes de conventionnement. D'un point de vue plus qualitatif, 
            les exigences de cette démarche ont engendré des progrès très significatifs 
            dans l'organisation interne du travail, notamment la coordination 
            entre le travail des sections d'inspection et celui d'autres services 
            des directions départementales et la consolidation des efforts d'animation 
            engagés sous l'égide des directions régionales et départementales.
 La mise en oeuvre de la première loi a suscité également le renforcement 
            des coordinations opérationnelles avec les services déconcentrés d'autres 
            départements interministériels, le développement d'un travail commun 
            fructueux avec l'ANACT et son réseau, et la multiplication des coopérations 
            avec les partenaires sociaux régionaux et locaux comme avec divers 
            réseaux socio-économiques pour l'action, l'information, la diffusion 
            et le suivi des expériences.
Les services déconcentrés doivent aujourd'hui 
          poursuivre leurs actions dans le sillage de cet acquis opérationnel 
          
         Le fil conducteur de leur action 
          reste le même, c'est l'appui à la réduction négociée au service de l'emploi. 
          Il appartient aux services, dans leurs contacts avec leurs interlocuteurs 
          extérieurs, d'être constamment porteurs de cette double préoccupation 
          de fond (la priorité emploi) et de méthode (la négociation), conforme 
          à l'esprit de la loi. Mais cet accent prioritaire est parfaitement compatible 
          avec la prise en compte des autres dimensions qu'il est indispensable 
          d'intégrer dans toute démarche de réorganisation, en particulier le 
          souci d'une bonne maîtrise de l'impact des changements sur les conditions 
          de travail et la santé des salariés, qui correspond à la vocation des 
          services. La volonté constante de diffuser une pédagogie de l'emploi 
          doit donc se conjuguer avec une incitation des partenaires sociaux à 
          développer une approche globale, en s'appuyant chaque fois que nécessaire 
          sur le recours préalable à l'appui conseil. Il importe à ce titre que 
          le médecin du travail et le CHSCT soient associés le plus en amont possible 
          à cette approche. 
 
 B/ Les principaux axes d'intervention des services
 
         
         L'information des acteurs de terrain sur la deuxième loi va nécessiter 
          un effort très soutenu 
          
         Contrairement à la première loi qui cherchait à susciter des négociations 
        anticipatrices sans modifier la plupart des éléments du droit de la durée 
        du travail, en dehors du paramètre essentiel de la durée légale, la loi 
        du 19 janvier 2000 introduit un nombre important d'innovations qui s'inspirent 
        largement des accords de la période 1998/1999. Il faut donc dès à présent 
        que les services soient en mesure de répondre aux besoins d'information 
        sur le contenu de la loi, qu'il s'agisse du nouveau régime des heures 
        supplémentaires, des nouveaux mécanismes de réduction et d'aménagement 
        du temps de travail ou des conditions d'accès aux nouveaux allégements 
        de cotisations patronales. La présente circulaire doit contribuer à faciliter 
        l'assimilation par les services du contenu des nouvelles règles, en nourrissant 
        une démarche d'animation qui a débuté dans le cadre de réunions interrégionales 
        et doit se poursuivre ensuite dans chaque région par des sessions de formation 
        des agents. Un système de veille et de capitalisation " Questions-réponses 
        " sera également assuré par le biais du site du ministère sur Internet, 
        puis sur l'Intranet à compter de mai 2000. En outre, une campagne d'information 
        est mise en oeuvre et se traduira notamment par la diffusion en nombre 
        d'une brochure d'information générale, par le renforcement du service 
        téléphonique et l'organisation de réunions locales des acteurs de la négociation.
 
 
 
         
         Il importe aussi de sensibiliser les chefs 
          d'entreprise sur la nécessité d'entamer sans tarder les discussions 
          et les négociations sur la réduction du temps de travail 
       Dans ce but, les services doivent saisir toutes occasions, notamment 
          lors de contacts individuels ou de réunions collectives, pour sensibiliser 
          les chefs d'entreprise non seulement aux inconvénients du statu quo 
          pur et simple sur la base d'horaires de 39H ou plus, mais aussi, et 
          de façon plus positive, pour souligner les avantages que beaucoup d'entreprises 
          anticipatrices ont déjà tirés de leur choix en termes de souplesse d'organisation, 
          de consolidation du climat social, de renouvellement de la pyramide 
          des âges ou encore de restauration de la confiance et du dynamisme interne, 
          du fait notamment de l'arrivée de jeunes salariés dans l'entreprise. 
          De ce point de vue, la mise en contact avec des entreprises ayant déjà 
          mis en oeuvre un accord est utile.
 
         
         Il convient également de sensibiliser les 
          entreprises qui engagent une démarche à l'utilité des interventions 
          d'appui conseil 
          
          Lorsqu'elles sont menées en toute transparence à l'égard des représentants 
            du personnel, dans le souci d'éclairer les enjeux du dialogue social, 
            et avec des méthodologies fiables permettant de relier les questions 
            d'organisation du travail aux aspects touchant aux conditions de travail, 
            ces interventions peuvent jeter les bases d'une réorganisation du 
            travail solidement étayée. Les services régionaux, au-delà du rôle 
            de prescripteurs des services départementaux, doivent poursuivre leur 
            travail coordonné avec le réseau de l'ANACT, qui conserve sa vocation 
            naturelle de capitalisation des expériences et de garant de la qualité 
            du dispositif par l'animation du réseau des consultants.
Les services vont également être appelés 
          à accompagner et faciliter la mise en oeuvre des démarches de réduction 
          une fois l'accord signé 
          
          Toute opération touchant en profondeur à l'organisation du travail 
            peut nécessiter des ajustements sur certaines questions qui apparaissent 
            à l'usage, pendant la période de rodage de la nouvelle organisation 
            du travail, susceptibles d'avoir un impact sur le respect des règles 
            de droit, ou la qualité des conditions de travail du point de vue 
            par exemple du planning et des délais de prévenance. Les mécanismes 
            de suivi paritaire prévus par la loi doivent contribuer à faciliter 
            le repérage et le traitement de ces questions. Mais les services déconcentrés 
            peuvent être amenés à apporter un appui, prenant la forme d'une proposition 
            d'intervention d'appui conseil, désormais possible en aval de l'accord, 
            ou d'une intervention directe de l'inspection du travail pour rapprocher 
            les points de vue en cas de conflits émergents ou déclarés.
 Par ailleurs, la mise en oeuvre de la réduction du temps de travail 
            peut conduire à ce que s'expriment dans certains secteurs et dans 
            certains bassins d'emploi sur des difficultés de recrutement au titre 
            des créations d'emplois prévues par l'accord. Afin de pouvoir intervenir 
            efficacement en vue de résoudre de telles difficultés, les services 
            doivent intégrer cette dimension dans l'élaboration de leurs plans 
            d'actions pour la mise en oeuvre de la loi, notamment en engageant 
            sans tarder, en lien avec l'ANPE et l'AFPA, des contacts avec les 
            responsables socioprofessionnels locaux pour essayer d'identifier 
            les zones de tension et d'organiser des actions d'aide au recrutement 
            et de formation ciblées sur les véritables besoins.
 Pour favoriser cette démarche, j'ai moi-même établi des contacts avec 
            les principales fédérations professionnelles pour lesquelles les indicateurs 
            de tension entre offres et demandes d'emploi sur certains métiers 
            incitent à mettre en place des actions coordonnées.
  La stratégie de contrôle des services doit 
          être cohérente avec les exigences de la période d'adaptation et prendre 
          en compte la diversité des situations des entreprises 
          
         De manière générale, un des objectifs de la nouvelle loi, par les adaptations 
          et les innovations qu'elle introduit dans le code du travail à la lumière 
          des acquis de la négociation, est une application effective des règles 
          encadrant la durée du travail. Celle-ci découlera à la fois d'une meilleure 
          adaptation du cadre législatif, du traitement par la négociation des 
          besoins des entreprises comme des attentes individuelles des salariés, 
          du renforcement de l'implication des partenaires sociaux dans l'élaboration 
          et dans le suivi des nouvelles organisations du travail, et du maintien 
          de la nécessaire vigilance des services d'inspection du travail.
 Tout en restant attentifs au respect de leurs engagements par les entreprises 
          qui ont pris l'initiative d'anticiper la baisse de la durée légale -la 
          plupart du temps avec le soutien de l'aide incitative-, il importe d'accompagner 
          les entreprises qui choisiront d'engager un processus de réduction négociée 
          dans le courant de l'année 2000.
 Une attention particulière s'impose à l'égard des entreprises de plus 
          de 20 salariés pratiquant de manière structurelle des durées du travail 
          longues, dépassant les durées maximales autorisées, hebdomadaires ou 
          journalières, ou des rythmes de travail (par équipe, de nuit...) comportant 
          de fortes sujétions pour les salariés concernés. La pratique de la modulation 
          en dehors de tout cadre négocié de branche ou d'entreprise ne saurait 
          davantage être admise, tant elle est contraire à la lettre comme à l'esprit 
          de la loi qui tend à réguler collectivement cette forme d'organisation 
          quand elle s'avère nécessaire au bon fonctionnement de l'entreprise.
 Enfin, l'intervention de l'URSSAF pour les décisions relatives à la 
          suspension ou la suppression des allégements de cotisations patronales 
          dans les cas limitativement énumérés par la loi, nécessaire compte tenu 
          de la nature même des nouveaux allégements mais aussi pour éviter une 
          dualité de contentieux éventuels qui aurait été préjudiciable aux entreprises 
          comme à l'efficacité du dispositif, s'exercera dans le strict respect 
          des compétences des services déconcentrés du ministère. Leur rapport 
          ou leur avis servira de base à la décision de l'URSSAF dans le cas où 
          les engagements pris en matière d'emplois ou de durée du travail n'auront 
          pas été tenus, ou bien lorsque l'accord n'aura pas été conclu dans le 
          respect des règles de droit commun de formation des accords collectifs 
          et des règles spécifiques mises en place par loi du 19 janvier 2000 
          pour les accords donnant accès aux allégements de cotisations patronales. 
          Il importe donc que les rapports et les avis soient établis de la manière 
          la plus circonstanciée possible et transmis dans les meilleurs délais 
          aux URSSAF. Je vous demande d'organiser des réunions régulières avec 
          les URSSAF et les MSA pour coordonner vos interventions respectives.
 
 Pour la première fois, une loi a été bâtie à partir 
        des innovations voulues et négociées au sein des entreprises et des branches 
        professionnelles. Dans le prolongement de l'effort remarquable qui a été 
        accompli en 1998 et 1999, j'attends des services déconcentrés une implication 
        collective forte et efficace pour la réussite de la nouvelle phase qui 
        s'ouvre aujourd'hui.
 
 Je compte sur votre action, à la hauteur de l'enjeu pour la lutte contre 
        le chômage, la cohésion et le dynamisme de notre pays.
 
 Martine AUBRY   |  |